L'une des obligations (et des droits!) du pharmacien est de participer à un rôle de garde. Dans quelle mesure votre officine doit-elle être accessible dans ce contexte précis? Jusqu'où va votre obligation d'être " présent(e) " au cours des gardes? Êtes-vous tenu(e) d'avertir le patient des suppléments que vous appliquez? Dans quelles circonstances pouvez-vous être dispensé(e) de participer aux gardes?
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Tout pharmacien est tenu d'assurer la continuité de ses services et de participer de façon collégiale au rôle de garde... mais dans la pratique, ces obligations soulèvent parfois certaines questions. L'obligation d'assurer un accès direct et aisé à votre officine au cours des gardes ne signifie pas forcément pour autant que les portes doivent rester ouvertes en permanence. La pratique consistant à servir le patient par l'intermédiaire d'un guichet doté d'un parlophone/vidéophone, notamment, est tout à fait admise pour autant qu'il y ait une communication claire quant aux modes de paiement acceptés dans le cadre de ce système. Par ailleurs, votre "croix verte" doit en principe rester allumée tout au long de la garde - nous avons eu l'occasion de nous arrêter de façon plus détaillée sur les règles en vigueur à cet égard dans notre édition du mois dernier. Vous êtes également tenu(e) d'assurer aux patients un accueil adéquat, comme au cours des heures d'ouverture normales de votre pharmacie. La déontologie stipule notamment qu'il vous incombe d'écouter tout patient qui se présente durant vos gardes, quelle que soit l'heure, et de lui dispenser les conseils et soins pharmaceutiques appropriés. L'obligation d'assurer l'accès à l'officine implique aussi que vous devez rester joignable par téléphone, même si personne n'attend ou n'exige de vous que vous donniez aussi des conseils ou avis par cette voie. Lorsque vous êtes de garde, vous devez par ailleurs veiller à assurer aux patients un accès normal et rapide à l'officine, ce qui signifie que vous devez être disponible à brève échéance lorsque quelqu'un se présente à la porte. Vous avez par contre tout à fait le droit de vous reposer et même de dormir pendant vos gardes, tant que l'officine reste éclairée et que vous êtes en mesure de répondre à toutes les demandes urgentes annoncées par la sonnette. Si vous habitez à proximité de votre officine mais pas juste à côté ou au-dessus, vous n'avez par contre pas le droit d'éteindre les lumières et d'afficher simplement à la porte un numéro où les patients pourront vous joindre pour ne vous rendre ensuite sur place qu'en cas de besoin. Pas question non plus de vous absenter brièvement pour aller chercher votre fiston après une soirée ou même pour sortir le chien. Comme au cours des heures d'ouverture ordinaires, au moins un pharmacien doit être effectivement présent sur place à l'officine tout au long des gardes. Le code de déontologie précise à ce sujet que, lorsqu'une officine emploie plusieurs pharmaciens adjoints, le pharmacien titulaire et le ou les adjoint(s) sont solidairement responsables de l'organisation de la garde. Au cours des gardes, vous êtes autorisé en vertu du code de déontologie à percevoir un honoraire de garde raisonnable dans le respect de la législation en vigueur. Celle-ci précise qu'il convient d'opérer une distinction entre l'honoraire de garde et l'honoraire de disponibilité. Vous avez également le droit de réclamer aux patients qui se présentent sans prescription au cours de la garde un supplément dont vous pouvez fixer librement le montant - fût-ce, là encore, dans les limites du raisonnable. L'idée qui sous-tend le principe de ce supplément est de faire prendre conscience à la population de l'importance du service fourni dans l'intérêt de la santé publique et d'éviter les abus. Le montant de ce supplément devra toutefois être communiqué au patient au préalable. Vous avez donc l'obligation de l'informer clairement à l'avance du montant que vous allez lui porter en compte, et ce avant même qu'il n'appuie sur la sonnette ou ne pousse la porte de l'officine au cours de la garde. Il a par exemple déjà été confirmé qu'un supplément de 20 euros pour des produits sans prescription achetés à la pharmacie de garde après 22 heures ne constituait pas une entorse à la déontologie, parce que ce montant était clairement annoncé à l'entrée et que le patient en avait été explicitement informé avant délivrance. Toute officine publique est tenue de participer au rôle de garde afin d'assurer la continuité des soins et la bonne organisation des gardes. Ce n'est qu'exceptionnellement et moyennant l'accord des autres participants qu'une officine peut en être dispensée. La délégation systématique des gardes d'une pharmacie à une autre n'est pas autorisée. À l'inverse, la loi ne permet pas non plus d'exclure un pharmacien de cette permanence organisée. Les situations qui peuvent donner lieu à une exemption temporaire sont p.ex. un accident, le décès d'un proche, un problème d'accessibilité en raison de travaux, etc.