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Voir du sens là où beaucoup ne voient que des choses, tel était le propos développé par Roland Barthes dans ses Mythologies en 1957. Il y étudiait les objets et rites populaires qui révélaient l'esprit et les affects collectifs d'une époque, inventant une nouvelle manière de faire de la sociologie, accessible, impertinente et ludique. Il décortiquait alors la DS, le steak-frites, les jouets en plastique... Aujourd'hui, les objets du quotidien ont bien changé mais, tout inanimés qu'ils soient, nous continuons de les parer de mille vertus. Voilà pourquoi Pascal Lardellier, professeur de sociologie à l'université de Bourgogne, auteur de Nos modes, nos mythes, nos rites, se penche sur nos objets devenus cultes. Quatorze numéros composent déjà ce podcast, nous emmenant découvrir ce qui se cache derrière le scrolling, le sac à dos, le MMA, la cigarette électronique, les émojis, les écouteurs, la doudoune, le masque, le gel hydroalcoolique, le chargeur, le pass, le tatouage, la trottinette et le Spritz. Prenons l'exemple de "Scrolling", le dernier épisode d'une dizaine de minutes, édité le 3 mai, qui s'attarde sur ce geste devenu familier si pas indispensable. "Je scrolle donc je suis", telle pourrait être la devise du 21e siècle. Pascal Lardellier met en avant l'aspect magique de ce geste qui fait défiler moult univers fantasmagoriques et trouve ses origines dans les parchemins du Moyen âge. Il rappelle que scroller a des effets physiques et psychologiques, hypnotiques et addictifs, la culture numérique étant désormais tributaire de cette addiction. En quelques années, le scrolling a intégré une nouvelle bibliothèque des gestes humains, répondant providentiellement au besoin frénétique d'être toujours occupé et donnant l'illusion d'un super pouvoir d'absorption et l'impression que l'on s'instruit et partage.