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Chaque année, 2 à 3 millions de décès sont évités grâce à la vaccination (1). Cet acte simple a permis d'éradiquer la variole et de réduire de 99% l'incidence mondiale de la poliomyélite. Suivre le calendrier des vaccinations est le moyen de prévention le plus efficace pour lutter contre de nombreuses maladies infectieuses graves, difficiles à traiter et/ou à risques de complications et de séquelles, comme la diphtérie, le tétanos, les oreillons, la coqueluche, la rougeole, etc. Le calendrier vaccinal de base préconisé par le Conseil Supérieur de la Santé et édité en juin 2021 (Avis 9606) tient compte de l'épidémiologie des maladies, des caractéristiques des vaccins et de l'organisation pratique des structures préventives réalisant des vaccinations de groupe. L'application de ce calendrier doit permettre d'offrir une protection optimale aux enfants, adolescents et adultes en bonne santé. Pour les prématurés, les personnes immunodéficientes et allergiques, le CSS invite à se reporter aux fiches spécifiques. (2) Rappelons qu'en novembre 2020, le Conseil a émis un avis (8754) sur l'immunisation maternelle, donnant les lignes directrices belges pour la vaccination pendant la grossesse aux professionnels de la santé, ainsi qu'aux femmes enceintes elles-mêmes. En mai, le CSS a édité un avis relatif à la vaccination contre la grippe saisonnière pour la saison hivernale 2021-2022 dans le contexte Covid-19. Il définit les groupes de population qui devraient être vaccinés en priorité (Avis 9625) et préconise un phasage par catégories de groupe-cible. Le CSS recommande donc de vacciner en priorité les groupes repris dans la Catégorie A à la mi-octobre ; et ensuite, en fonction des stocks disponibles, de poursuivre avec la Catégorie B et puis C. La Catégorie A reprend le Groupe 1, soit les personnes à risque de complications (65 ans et plus, affection chronique d'origine pulmonaire, cardiaque (sauf hypertension), hépatique, rénale, métabolique (diabète compris), neuromusculaire ou troubles immunitaires, BMI>35) ; personnes en institution ; femmes enceintes ; enfants (6 mois à 18 ans) sous thérapie à l'aspirine au long cours, le Groupe 2 (travailleurs des soins de santé) et le Groupe 3 (personnes vivant sous le même toit que celles du groupe 1 et que des enfants de moins de 6 mois). La Catégorie B concerne les 50-64 ans: "Outre le risque accru de les voir développer des complications en cas de grippe en raison de leur âge, il existe une chance sur trois qu'elles présentent au moins un facteur augmentant le risque de complications. Ce risque est d'autant plus présent chez les fumeurs, buveurs excessifs et personnes obèses (BMI>30)", argumente le CSS. Enfin, la Catégorie C, soit le reste de la population qui souhaiterait être vacciné. "Cependant, fait-il observer, les données montrent que la vaccination systématique des adultes en bonne santé entre 18 et 65 ans n'a aucun impact sur le nombre de consultations médicales, de jours de maladie, de prescription d'antibiotiques et d'hospitalisations et a probablement un effet très limité sur l'absentéisme. C'est la raison pour laquelle la vaccination des 18-65 ans n'est pas recommandée". En outre, à la lumière de ce qui s'est passé pour la saison 2020-2021, les experts du Conseil estiment que les 3,3 millions de doses commandées par les Autorités pour 2021-2022 devraient permettre de répondre à la demande. Dans ses commentaires, le CSS se pose la question du niveau d'immunité de la population pour contrer la prochaine épidémie grippale: "Il n'est pas possible de prévoir comment/quand le virus de la grippe fera son apparition à la prochaine saison et d'en estimer ni la sévérité ni la virulence. Pour différentes raisons, les cas de grippe dans le monde ont été faibles voire inexistants durant la saison 2020-2021. (...) L'absence d'immunité naturelle acquise récente pourrait augmenter le risque de transmission du virus de la grippe notamment par les enfants/jeunes adultes (non vaccinés et non immunisés naturellement) vis-à-vis des personnes plus à risque". Néanmoins, un élément vient nuancer cette inquiétude: l'adoption des mesures d'hygiène (lavage des mains, port du masque) et de la distanciation physique, faciles à mettre en place et maintenant bien intégrées par la population, qui "pourraient être fortement recommandées (sans pour autant être rendues obligatoires)". Dans son Folia Pharmacotherapeutica d'août dernier, le CBIP confirme son positionnement de l'année passée, à savoir que "les vaccins antigrippaux actuellement disponibles offrent une protection partielle contre le risque d'infection grippale (par exemple, une diminution du risque de 6% à 2,4% chez les personnes âgées) ; leur effet global est modeste, surtout pendant les saisons où la correspondance entre les virus vaccinaux et les virus circulants est incomplète ; leur impact sur la morbidité et la mortalité reste incertain, en raison de la qualité limitée des données d'étude ; le profil de risque des vaccins antigrippaux est favorable, il n'y a aucun indice d'effets négatifs de la vaccination sur la grossesse ou l'enfant à naître ; et enfin, malgré les limites des vaccins antigrippaux actuels, la vaccination antigrippale est encouragée chez les personnes à risque élevé de complications, en particulier les patients présentant une pathologie sous-jacente et les patients immunodéprimés, qui font partie des groupes prioritaires pour la vaccination, tels que définis par le CSS". 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