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" Comme bien d'autres, j'ai fait du football quand j'étais plus jeune, mais ma vraie passion a toujours été le cyclisme. À la maison, nous étions tous scotchés à l'écran pour les temps forts de la saison, le Tour des Flandres, le Tour de France... et puis il y a eu les études, la reprise de mon officine et la vie de famille qui s'est construite petit à petit et je n'ai plus guère eu le temps de sortir mon vélo", résume le jeune pharmacien. En 2014, avant de devenir papa, Ward Simons avait tout de même trouvé le temps de participer au Marmotte Granfondo, une compétition réputée ouverte à tous les passionnés de cyclisme. "J'étais aux anges d'avoir réalisé l'objectif et le temps que je m'étais fixés, mais cela m'avait obligé à m'absenter régulièrement de la maison pour m'entraîner au cours des mois précédant l'épreuve. Une fois qu'on a des enfants, ce n'est vraiment plus évident." "En tant que titulaire d'officine, je ne rentre généralement qu'après 19 h et, entre le repas et les enfants à mettre au lit, la soirée est vite passée. Le weekend, nous essayons de passer un maximum de temps en famille, ce qui ne me laisse pas vraiment le temps de m'adonner à mon hobby. Ce n'est guère qu'en vacances que j'ai parfois l'occasion de sortir mon vélo." Avec toutes ces complications d'ordre pratique, le passage au cyclisme virtuel était finalement un choix assez logique. "Le vélo me manquait - le défi physique, le dépassement de soi, la compétition, tous ces aspects qui, pour moi, font toute la beauté de ce sport." Il existe plusieurs plateformes de cyclisme virtuelles telles que Rouvy ou Zwift. "Ce n'est qu'en 2020 que je me suis lancé sur Rouvy. Ce qui est sympa, dans ce système, c'est qu'il offre toute une série de possibilités: des programmes d'entraînement, des circuits en groupe, mais aussi et surtout un décor qui simule la réalité et qui permet de faire l'expérience des pavés du Tour des Flandres ou des côtes de Liège-Bastogne-Liège. La technologie a aujourd'hui fait tant de progrès qu'on peut non seulement faire du vélo dans un environnement virtuel, mais aussi sentir la résistance évoluer en continu en fonction du parcours. C'est presque comme d'affronter en vrai le Mur de Grammont, la Côte de la Redoute ou un col des Alpes!" Pour Ward Simons, c'est le moyen idéal de combiner sa passion avec son métier et sa vie de famille. "Si je veux m'offrir un moment de détente, rien ne m'empêche d'enfourcher mon vélo le soir quand tout le monde est couché: il me suffit de choisir un parcours et hop, je suis parti pour trois quarts d'heure ou une heure de pédalage." Et ses efforts se sont avérés payants! "À force d'entraînement, ma condition physique s'est améliorée et, à côté des grands classiques, j'ai commencé à participer aux compétitions organisées par les plateformes - uniquement en soirée, évidemment, travail à l'officine oblige. Au cours des épreuves, on a même l'occasion de bavarder avec d'autres participants partout dans le monde, même aux États-Unis. Cela permet parfois de nouer des contacts surprenants." Comment se retrouve-t-on, de là, sur un podium madrilène aux côtés de Remco Evenepoel? "Rouvy, l'un des grands sponsors de la Vuelta, a organisé en juin-juillet des épreuves de sélection au terme desquelles une dizaine de personnes ont été invitées à Madrid pour y participer à la finale de la Vuelta virtuelle dans le village des VIP. Je vous avoue que je ne suis pas peu fier d'avoir été sélectionné!" Comment cela se passe-t-il concrètement? "Pour participer à une compétition virtuelle, il faut veiller à se connecter à temps puis à partir en flèche dans le chaos du départ. C'est un enchevêtrement de coureurs où on essaie de dépasser virtuellement les autres, de pédaler ferme et de se retrouver en tête avec les meilleurs, puis d'éviter de se faire rattraper." Une course virtuelle présente donc bien des similitudes avec une vraie. "On essaie évidemment de consolider son avance initiale et on peut même se positionner dans la roue des autres. Toiser ses opposants, par contre, c'est un peu plus compliqué." Au cours du weekend des 10-11 septembre, Ward Simons était donc attendu dans la capitale espagnole avec sa compagne et leur fils ainé pour la Grande Finale de cette toute première Vuelta virtuelle. "Tout était parfaitement organisé. Je m'étais bien préparé et, sur place, j'ai évité strictement le café et l'alcool. Cela fait un peu drôle, surtout quand on va boire un verre en terrasse, mais j'en ai récolté les fruits! On nous avait annoncé que le gagnant de la course virtuelle serait l'un des 10 présélectionnés présents sur place (il y avait encore 330 autres coureurs qui participaient de chez eux). Il fallait donc vraiment pédaler dur." Ward Simons a finalement terminé troisième du classement global, mais premier des coureurs invités à Madrid. "Au cours de la cérémonie de clôture, on m'a fait monter sur le podium où Remco Evenepoel brandissait son trophée. C'était un peu fou d'être le seul à être là sans avoir participé à la vraie Vuelta... mais ce moment-photo avec deux gagnants belges n'a vraiment duré qu'un instant." Le pharmacien flamand ne s'est toutefois pas laissé monter la tête par les médias. "C'était un super weekend et, après mon retour, plusieurs clients sont arrivés avec des coupures de journaux où on me voyait aux côtés d'Evenepoel... mais ma prestation n'est absolument pas comparable à la sienne! Il est tout à fait normal que toute l'attention se focalise sur lui, d'autant qu'il est aussi devenu champion du monde. Moi, je ne suis qu'un gars comme les autres, je n'ai vraiment rien fait d'extraordinaire", souligne-t-il avec modestie... même si son trophée a tout de même reçu une place d'honneur dans sa maison de Sint-Katelijne-Waver.