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Elément chimique ubiquitaire, l'aluminium se rencontre rarement sous forme pure mais principalement sous forme de sels inorganiques (chlorure, nitrate,...) ou de sels organiques (citrate, sucralfate,...). Les sources d'exposition sont donc multiples allant d'une exposition environnementale, industrielle, médicale (antiacides, adjuvants de vaccins, perfusions, matériel chirurgical,...) à cutanée. Selon la source, la dose d'exposition sera variable, tout comme sa toxicité. Utilisation cosmétique L'aluminium est utilisé pour ses propriétés antitranspirantes depuis plus d'un siècle, mais également pour son action abrasive (produits dentaires, soins pour le visage et le corps), absorbante (masques pour le visage) ou comme agent de viscosité (maquillage, produits de soins) à diverses concentrations autorisées par la directive européenne (76/768/CEE). Généralement considérée comme faible, l'absorption cutanée de l'aluminium est peu documentée par la difficulté technique de laboratoire liée à l'aluminium environnemental. Malgré ce faible passage cutané, une différence a été mise en évidence entre peau saine et peau lésée. Toxicité Des réactions d'irritation peuvent s'observer en cas d'utilisation d'antitranspirants. Les réactions d'allergie aux cosmétiques contenant de l'aluminium suite à l'exposition à cet élément par la vaccination sont rares. Des études de toxicité à doses répétées par voie orale (alimentation, eau de boissons) ont montré chez l'animal une neurotoxicité et d'autres effets sur le système reproducteur, le poids,... Chez l'homme à la fonction rénale altérée ou immature, des effets osseux (ostéomalacie) et neurologiques (atteintes du système nerveux central) ont été observés suite à une accumulation d'aluminium consécutive à une exposition répétée. Chez l'enfant prématuré recevant des quantités importantes d'aluminium, des atteintes neurologiques ont été observées, entraînant ainsi la limitation de la teneur en aluminium dans l'alimentation parentérale. Chez l'animal, les données expérimentales n'ont pas montré d'effet cancérogène des sels d'aluminium suite à une exposition orale. Chez l'homme, des données épidémiologiques avaient déjà semé le trouble suite à un lien entre exposition professionnelle aux poussières d'aluminium et cancers des poumons et de la vessie. Depuis 2004, l'inquiétude a ressurgi suite à plusieurs publications incriminant l'utilisation d'antitranspirants parmi les responsables de l'augmentation de l'incidence de cancers du sein. Evaluation du risque Suite à cette hypothèse cancérigène, l'absorption cutanée a été réévaluée à la demande de l'ANSM (Agence Nationale française de la Sécurité du Médicament et des produits de santé). Une étude a été conduite par les industriels de la cosmétique selon les normes de laboratoire en vigueur. Celle-ci a été menée in vitro sur des extraits de peau de cinq donneurs avec trois formulations d'antitranspirants (aérosol, émulsion roll-on et stick) sur peau saine et peau strippée pour simuler une aisselle rasée. Les résultats montrent une absorption de l'ordre de 0.5 % sur peau normale et de 18 % sur peau lésée. L'évaluation du risque et les résultats de cette étude ont permis de conclure que la concentration maximale en aluminium devait être restreinte à 0.6 % dans les produits antitranspirants. Polémique L'industrie cosmétique conteste les résultats de cette étude car elle comporte de nombreux biais et peu de firmes suivent les recommandations, car abaisser à cette valeur le taux d'aluminium annulerait l'effet recherché. Par contre, la différence d'absorption cutanée entre peau normale et peau lésée devrait inciter les entreprises à informer le consommateur de ne pas utiliser ces produits sur peau meurtrie, et à s'intéresser davantage à l'absorption de tous les composés d'aluminium sous les diverses formes cosmétiques. Car si dans les antitranspirants la concentration maximale autorisée en sels d'aluminium ne dépasse pas 20 %, elle peut être de l'ordre de 80 % en cas d'utilisation sous forme de masque cutané. Il serait également intéressant de disposer de données de toxicité systémique et d'absorption orale de tous les composés d'aluminium utilisés en cosmétique. Réglementation Ces recommandations n'ont pas de valeur juridique pour les fabricants. Pour avoir une valeur réglementaire, il faut que la Commission Européenne intervienne. Si celle-ci s'intéresse à la problématique, elle doit transmettre le dossier au Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs. Ses experts pourront demander la réalisation d'études complémentaires avant d'émettre un avis qui, dans le cas positif, sera transcrit dans la réglementation européenne et ensuite traduit dans les différentes langues de l'union. Un chemin administratif qui peut prendre du temps.