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La migraine est une maladie neurovasculaire, dont les crises sont déclenchées par une stimulation neuronale à la suite d'un rétrécissement ou élargissement du diamètre des vaisseaux sanguins. Elle ne se guérit pas, mais il existe heureusement des moyens qui permettent de prévenir les crises ou de mieux les soulager. Ses symptômes tendent généralement aussi à s'améliorer avec l'âge. Elle reste néanmoins une maladie aux multiples visages, plus fréquente chez les femmes que chez les hommes ; sa prévalence en Europe est relativement élevée, de l'ordre de 10 %.La migraine se caractérise par des crises de maux de tête lancinants, généralement limités à une moitié du crâne. Le patient se plaint de nausées ou de vomissements, d'une aggravation de la douleur lorsqu'il bouge et d'une hypersensibilité à la lumière et au bruit. La douleur est aussi très invalidante : les crises, qui durent généralement de 12 à 24 heures, rendent impossible toute activité professionnelle et ne sont quelque peu soulagées que par le repos au calme et dans l'obscurité.Bien qu'elle puisse parfois se manifester à l'improviste chez certains patients, la majorité d'entre eux seront, après un certain temps, capables d'en identifier les signes avant-coureurs. Ces indices se manifestent au cours de la phase dite prodromique et pourront parfois être suivis d'une aura, mais ce n'est pas toujours le cas.une sensation de froidune fatigue extrêmeune envie constante de baillerune irritabilitéune envie anormale de certains aliments (souvent des sucreries comme le chocolat)une hypersensibilité à la lumière et/ou au bruitune sensation de malaise, un gonflement des chevilles ou des mainsune gaité anormaleJuste avant l'apparition des maux de tête, le patient présente parfois une aura sensitive, qui peut se manifester par:des symptômes visuels (voir des éclairs, des taches qui bougent, une image en mosaïque, des lignes en zigzag éblouissantes, des zones noires)des troubles du langage (difficultés à trouver ses mots ou à prononcer certaines syllabes)des troubles sensoriels (picotements de la peau, impression d'être étourdi(e))Le patient peut toutefois aussi se plaindre de :troubles moteurssymptômes générauxLes patients les plus difficiles à diagnostiquer sont ceux qui présentent bien les signes précurseurs de la migraine, mais pas les maux de tête caractéristiques ("migraine sans migraine"). Il faudra par exemple souvent attendre très longtemps avant que le diagnostic de migraine ne soit posé chez une personne avec des manifestations visuelles mais sans céphalées... À l'inverse, il arrive toutefois aussi que des patients soient traités comme des sujets migraineux en présence d'une aura visuelle, alors qu'ils souffrent en réalité d'une pathologie différente. On a ainsi longtemps supposé que le phénomène de la neige visuelle correspondait à l'une ou l'autre forme de migraine.Les causes de la migraine restent encore largement incomprises, mais il est clairement établi qu'elle peut présenter une composante héréditaire. Les personnes dont l'un des parents souffre de migraines courent par exemple un risque deux fois plus élevé que les autres d'en être victimes elles-mêmes. Les migraineux avec aura présentent en outre plus fréquemment un foramen ovale perméable (ouverture dans la cloison entre les atria du coeur). Des recherches réalisées à l'UZ Leuven ont notamment démontré que l'incidence de ce problème cardiaque était sensiblement plus élevée dans ce groupe de malades, qui semblent par ailleurs aussi plus sujets aux AVC. La fermeture percutanée de cet orifice permettrait toutefois d'améliorer l'incidence tant de la migraine que de l'AVC. Un certain nombre d'autres causes ont également été incriminées au fil du temps, dont notamment une sténose vasculaire (hypothèse qui semble toutefois peu probable), un manque d'oxygène (mais pourquoi ? ) ou encore une perturbation de l'approvisionnement du cerveau en énergie (confirmé par la recherche neurologique).Le rôle des hormones dans la migraine aussi est clairement démontré, les variations à ce niveau (règles, ovulation, grossesse, ménopause) étant associées à une augmentation du risque de crise. La contraception orale aussi est parfois incriminée, avec une probabilité accrue de migraines au cours de la semaine sans pilule.D'autres médicaments comme les nitrates, les somnifères et certains antibiotiques peuvent également accroître le risque de migraine.Enfin, en ce qui concerne l'alimentation, certains patients font eux-mêmes le lien entre les crises et la consommation de certains produits - chocolat, tomates, café, alcool, additifs, etc. Le fait de manger trop ou trop peu semble également avoir un effet facilitateur. Ces données ne sont toutefois pas evidence-based. Par contre, il est démontré que les promenades à une altitude où l'oxygène commence à se raréfier ne sont pas à recommander chez les sujets prédisposés aux migraines...Nous l'avons dit d'emblée, la migraine ne se guérit pas. Les personnes qui en souffrent apprennent toutefois souvent assez rapidement à en identifier les déclencheurs, dont certains sont parfaitement évitables. Tenir un journal des crises pourra s'avérer très utile à cet égard : quand se manifestent les migraines ou leurs signes avant-coureurs? Quelle est la durée de la crise? Le patient a-t-il pu identifier un ou plusieurs facteurs déclencheurs? Quels sont les médicaments qu'il a pris? Certains évoquent spontanément le rôle de certains aliments ; là aussi, il peut être utile de les consigner.L'éventail des médicaments susceptibles d'être testés chez les sujets migraineux est à peu près infini, la seule certitude étant qu'il n'y a guère que les traitements préventifs qui soient réellement efficaces (contre les migraines graves et fréquentes). Il s'agit souvent de produits destinés, à la base, au traitement d'autres pathologies. On ne pourra juger de leur efficacité qu'après trois mois de prise à titre préventif.Les principaux groupes pouvant être envisagés dans cette indication sont :Les bêta-bloquants: propranolol, aténolol, timolol, métoprolol, etc. Seuls le propranolol et le métoprolol sont actuellement enregistrés pour la prévention des crises de migraine.Les antagonistes du calcium : la flunarizine est enregistrée comme traitement préventif de la migraineDes antiépileptiques comme le valproate de sodium et le topiramate (enregistrés pour le traitement de la migraine). Attention : ces produits sont à proscrire durant la grossesse !Des antidépresseurs comme l'amitriptyline.Le candésartan.Les antagonistes de la sérotonine : efficaces mais pas conseillés.En cas de crises aux cours de la semaine sans pilule : continuer la prise de façon ininterrompue (pilule monophasique) ou prendre des antalgiques (ibuprofène ou naproxène) à titre préventif 2 jours avant le début de la semaine sans pilule. Changer de moyen de contraception (produit à base de progestatifs seuls comme la minipilule, etc.). Utiliser un patch à base d'oestrogènes au cours de la semaine sans pilule.La vitamine B2 : agit sur le nombre de crises mais pas sur leur gravité.Le magnésium : agit sur le nombre de crises mais pas sur leur gravité.Désirée De Poot