Professionnels de première ligne, les pharmaciens jouent dans notre système de soins un rôle unique, de la pharmacie hospitalière à l'officine publique... et quel que soit leur environnement professionnel, la pandémie du covid-19 a fortement accru leur charge de travail et leur niveau de stress.

Même en-dehors du contexte de la pandémie, des études révèlent toutefois que l'impact psychologique de la profession pèse parfois très lourd sur les pharmaciens - avant tout, si l'on veut en croire la littérature internationale, sous la forme d'un problème de burn-out. Cette notion recouvre un important complexe de symptômes liés à l'activité professionnelle, avec à l'avant-plan un épuisement émotionnel, un manque d'énergie généralisé, une dépersonnalisation (caractérisée par une négativité, un cynisme ou une déconnection par rapport à l'environnement professionnel, qui s'étend parfois à d'autres domaines de la vie) et le sentiment d'une baisse (voire d'une perte complète) d'efficacité au travail. Les chiffres rapportés sont très variables, mais certaines études font état d'une prévalence de 50% dans le corps pharmaceutique sur toute la durée de la vie (Johnston et al., 2021). Parmi les facteurs sous-jacents qui contribuent au phénomène, on retiendra principalement les longues journées de travail, un excès de tâches à accomplir et les obligations administratives croissantes - autant de facteurs qui ont sans nul doute été encore amplifiés par la pandémie.

Certaines études font état d'une prévalence du burn-out pouvant atteindre 50% dans le corps pharmaceutique sur toute la durée de la vie

Faute de chiffres suffisants, on ignore toutefois dans quelle mesure l'impact majeur du burn-out épinglé dans certaines études internationales se retrouve aussi en Belgique. L'enquête réalisée par Le Pharmacien en collaboration avec le Journal du médecin n'en est que plus pertinente et représente un premier pas vers une meilleure connaissance de cette problématique dans notre pays.

Il semble que les pharmaciens belges aiment globalement leur métier, et c'est une excellente nouvelle. Une fraction non négligeable des répondants rapportent toutefois des plaintes évocatrices d'un possible burn-out et un certain nombre admettent avoir pris des calmants (11,6%) ou des somnifères (11,6%) au cours de l'année écoulée. Bien que ces chiffres restent plus faibles que dans la population générale (dont 12% déclarent avoir pris des somnifères ou calmants au cours des deux semaines qui précèdent), ils pourraient malgré tout trahir un besoin d'automédication.

Il est donc urgent de prévenir - et, le cas échéant, de traiter - les troubles psychologiques et les signes de burn-out... mais, comme les autres soignants, les pharmaciens ont parfois beaucoup de mal à se faire aider. Des initiatives se développent peu à peu pour les médecins (p.ex. Médecins en Difficulté), mais une offre spécifique pour les pharmaciens et autres soignants fait encore largement défaut. La Belgique a donc clairement besoin d'une initiative-coupole bien développée pour organiser les soins aux prestataires eux-mêmes...

Geert Dom est professeur de psychiatrie à l'Uantwerpen et président de l'European Federation of Addiction Societies (www.eufas.net). Il s'est chargé de la supervision et de l'analyse scientifique de cette enquête.

Professionnels de première ligne, les pharmaciens jouent dans notre système de soins un rôle unique, de la pharmacie hospitalière à l'officine publique... et quel que soit leur environnement professionnel, la pandémie du covid-19 a fortement accru leur charge de travail et leur niveau de stress. Même en-dehors du contexte de la pandémie, des études révèlent toutefois que l'impact psychologique de la profession pèse parfois très lourd sur les pharmaciens - avant tout, si l'on veut en croire la littérature internationale, sous la forme d'un problème de burn-out. Cette notion recouvre un important complexe de symptômes liés à l'activité professionnelle, avec à l'avant-plan un épuisement émotionnel, un manque d'énergie généralisé, une dépersonnalisation (caractérisée par une négativité, un cynisme ou une déconnection par rapport à l'environnement professionnel, qui s'étend parfois à d'autres domaines de la vie) et le sentiment d'une baisse (voire d'une perte complète) d'efficacité au travail. Les chiffres rapportés sont très variables, mais certaines études font état d'une prévalence de 50% dans le corps pharmaceutique sur toute la durée de la vie (Johnston et al., 2021). Parmi les facteurs sous-jacents qui contribuent au phénomène, on retiendra principalement les longues journées de travail, un excès de tâches à accomplir et les obligations administratives croissantes - autant de facteurs qui ont sans nul doute été encore amplifiés par la pandémie. Faute de chiffres suffisants, on ignore toutefois dans quelle mesure l'impact majeur du burn-out épinglé dans certaines études internationales se retrouve aussi en Belgique. L'enquête réalisée par Le Pharmacien en collaboration avec le Journal du médecin n'en est que plus pertinente et représente un premier pas vers une meilleure connaissance de cette problématique dans notre pays. Il semble que les pharmaciens belges aiment globalement leur métier, et c'est une excellente nouvelle. Une fraction non négligeable des répondants rapportent toutefois des plaintes évocatrices d'un possible burn-out et un certain nombre admettent avoir pris des calmants (11,6%) ou des somnifères (11,6%) au cours de l'année écoulée. Bien que ces chiffres restent plus faibles que dans la population générale (dont 12% déclarent avoir pris des somnifères ou calmants au cours des deux semaines qui précèdent), ils pourraient malgré tout trahir un besoin d'automédication. Il est donc urgent de prévenir - et, le cas échéant, de traiter - les troubles psychologiques et les signes de burn-out... mais, comme les autres soignants, les pharmaciens ont parfois beaucoup de mal à se faire aider. Des initiatives se développent peu à peu pour les médecins (p.ex. Médecins en Difficulté), mais une offre spécifique pour les pharmaciens et autres soignants fait encore largement défaut. La Belgique a donc clairement besoin d'une initiative-coupole bien développée pour organiser les soins aux prestataires eux-mêmes...